MAROC INSOLITE

octobre 1999

Nous avons fait un voyage inoubliable. ------------ retour page d'accueil du site

Passons sous silence les visites touristiques habituelles : Rabat Fès, Meknès, Marrakech...

à l'olivraie de la Ménara

Nous gardons un souvenir inoubliable de la vallée l'Ourika où nous avons découvert un peuple chaleureux et courageux, parfois résigné mais heureux de vivre dans ce décor verdoyant duquel il doit bien s'accommoder. Les ancêtres y ont bien été nourris. Pour l'instant les tentations du modernisme effréné n'ont pas encore amené les désillusions. L'attraction tentaculaire de Marrakech est pourtant toujours latente.

Nous avons rencontré là une équipe de gens motivés très sympathiques qui nous ont accueillis avec empressement malgré nos envies de touristes en promenade : les responsables d'une association locale en lien avec le CCFD de France (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement).

L'Association Avenir Toubkal a un rôle capital à jouer dans l'amélioration des mentalités vers plus d'hygiène, une meilleure santé, un avenir plus sûr et moins pollué du monde montagnard. En s'attachant à l'éducation d'une tranche d'âge comme le collège-lycée c'est pour le long terme un investissement humainement solide.

Le sourire de Brahim ne laisse personne indifférent. Il habite Dou Ouzrou, un hameau adossé au rocher. Il est heureux d'avoir appris un peu de français mais si le collège d'Arbaloue n'est pas créé il l'oubliera vite. Nous l'avons vu après l'école transporter sur un long trajet les bûches pour l'hiver passant l'oued Ourika sur un étroit et long pont de bois suspendu...

Brahim 13 ans

Partout dans nos randonnées nous avons cherché les contacts humains en particulier avec le monde scolaire qui nous tient à coeur, et cela nous a permis de mieux saisir les enjeux du projet d'Avenir Toubkal d'ouvrir à Arbaloue un internat gratuit avec lycée agricole axé sur les métiers de la montagne.

Dou Ouzrou, le village de Brahim, sur les bords de l'Ourika dont les crues sont redoutables. Le pont garni de morceaux de bois résiste mieux par sa souplesse que les ouvrages en béton qui provoquent des inondations, finissent par céder, et ne seront pas reconstruits retour page d'accueil du site

Le projet est déjà solidement démarré avec l'achat d'un ancien hôtel qui n'a d'ailleurs jamais fonctionné comme tel. Le bâtiment, très vaste, adossé à la montagne, est fort bien situé sur la route touristique après un carrefour important (route de la station de ski de l'Oukaïmeden ) avec un vaste terrain sur lequel l'association envisage de créer un "musée berbère" et une "écloserie des papillons du Haut Atlas" pour permettre de financer l'accueil des jeunes. Nous prenons contact avec M. le Marquis de Goulaine, spécialiste nantais au sujet de "l'écloserie de papillons" une idée originale qui mérite d'être suivie tout de suite... voir rubrique "le marquis aux papillons"

Dans l'immédiat l'association recherche du matériel de collectivité...

Le roi a personnellement encouragé le démarrage du projet. Nous témoignons de l'immense espoir partout constaté que laisse le nouveau roi au peuple marocain.Les membres de l'équipe Avenir Toubkal se refusent à toute récupération politique locale.

Nous avons pu nous assurer directement auprès de l'abbé Bernard Gonnet, membre catholique influant et reconnu dans ce milieu musulman, de la sincérité des intentions de l'équipe qui se motive avec un enthousiasme considérable sur ce projet d'un "complexe pédagogique rural" avec internat, dans lequel il va y avoir un enseignement fondamental et une formation pour les métiers locaux pour certains élèves qui ne peuvent pas suivre leurs études jusqu'à un haut niveau.

L'association poursuit aussi des actions diverses dans le domaine hygiène-santé. L'abbé souhaiterait que soient instaurées des permanences dans les souks de l'Ourika pour permettre à la population une expression en confiance et individuelle répondant à des questionnements essentiels tels planning familial, grossesses et accouchements, aide aux femmes...

Anameur, village très peuplé, avec beaucoup d'enfants comme dans toute la vallée, a une route depuis quelques années. L'électricité va bientôt fonctionner. Mais le premier souci sera la télévision. On ne pense pas à la machine à laver et peu au frigo.   retour page d'accueil du site début du texte

Nous avons rencontré des instituteurs et même l'inspecteur de la vallée de l'Ourika. C'était à Aït Lekak qui n'a toujours pas l'électricité...

Sortie d'école à Tourchte : on est fier d'avoir un cartable qui contient la totalité du savoir appris, rien ne reste dans la classe, elle est vide. L'école est isolée, perchée sur son rocher, ici la cour de récré c'est la montagne ! Pas d'électricité, pourtant il fait noir de bonne heure. Des panneaux solaires installés tout près ne servent que pour prévenir la vallée d'une inondation imminente. Pas de téléphone, pas de route.

Nous sommes étonnés de voir très souvent l'école séparée du village. Cette volonté de construire à l'écart voulait nous a-t-on expliqué permettre de rassembler les enfants de deux villages. Bonne preuve : nous avons rencontré à Tourchte l'instituteur d'Amlougui rendant visite à ses collègues. Mais l'Ecole (E majuscule) reste ainsi physiquement et psychologiquement extérieure à la vie du village... Youssef, nouvellement nommé à Tourchte, a marqué sa volonté de dialoguer avec nous. Mais que peut faire un jeune instit dans cette salle de classe vide de tout autre support que le tableau, avec une salle des maîtres vide et sans fenêtres... La classe est dépourvue de vitres depuis 4 ans : inutile d'en mettre, elles seraient cassées -vrai ou faux ?- alors l'hiver s'il fait trop froid il n'y a pas de classe. Les fillettes quittent l'école plus tôt car il n'y a pas de toilettes. Après la sortie du soir on observe les arrêts pipi-caca en cours de route le long de la piste ! On est heureux de vivre dans une nature si verdoyante !

au fond, le village de TOURCHTE : pas de route, on y accède par la piste en traversant l'oued, ce que font les écoliers 4 fois par jours.

Les enfants nous ont littéralement assaillis en nous demandant bonbons-stylos-dirhams, beaucoup plus à Tourchte que partout ailleurs, au point qu'après notre discussion avec les enseignants nous avons dû renoncer à rentrer au village. Les enfants nous ont poursuivis dans l'oued et ont fini par nous jeter des pierres. Un jeune homme qui parlait français a pu enfin les éloigner en leur jetant des pierres à son tour (j'ai appris "foutez le camp !" en berbère). Nous avons constaté ailleurs combien lancer des pierres était un jeu courant, très utilisé par les petits bergers pour ramener leurs chèvres et leurs moutons... Nous ne nous formaliserons pas ! Nous mesurons toutefois l'énorme besoin d'éducation, si difficile et délicat pour des enseignants sans prise facile sur les enfants dont la docilité ne semble pas évidente !

Aussi nous soutiendrons l'action menée par "AVENIR TOUBKAL" qui peut être déterminante pour la vallée.

Nous avons beaucoup apprécié les longues randonnées sans sac à dos d'un village à l'autre vers le plateau de Yagour. Nous traversions les hameaux. Notre guide était très proche des gens. Nos muletiers nous ont préparé un excellent thé à la menthe...
	un autre exemple : OUIGRANE village d'altitude. L'eau y est bien canalisée par des séquias pour irriguer les jardins au-dessous du village. Une vache et trois moutons suffisent pour occuper le temps. Avoir une mule est une richesse.

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