entre Séville, Huelva et Cadix, dans ces marais protégés, une ville fantôme s'anime une fois par an :

EL ROCíO

jeudi 16 mai 2002

Nous venions de quitter Séville en auto, et voilà que notre petite route goudronnée croise un chemin de terre.
Il faut laisser passer cette longue horde itinérante partie depuis deux jours.

cav

Des mulets, des ânes, tracteurs traînent des maisons ambulantes...

Voici deux cavalières heureuses et fières de participer à la
ROMERíA DEL ROCíO 2002

Les andalouses ont sorti leurs robes à volants de toutes couleurs, encore fraîches après deux journées de trajet.
Voici peut-être le dernier cheval du cortège, ensuite vient un nombre imposant de marcheurs.
La foule déambulante passe toujours... on entend un son de fifre et tambourin qui rythme les pas. Mais que voit-on venir dans le fond ?
C'est le plus important de cette longue procession : le char décoré de la Vierge qui est conduit solennellement vers El Rocío.
Mais oui : le "paso" de la Vierge, décoré, enrubané, est tiré par un couple de boeufs.
Un énorme nuage de poussière est soulevé par les pélerins dans ces chemins ensablés.
Certains qui sont déjà venus bien des années ont pris leurs précautions pour filtrer cette poussière pénétrante...

Le nuage est un peu retombé quand arrivent ces dames qui chantent les "coplas" traditionnelles.

Enfin d'inévitables voitures automobiles viennent rompre tout le charme, au risque de s'ensabler...

Reprenons le goudron. Nous avons crevé -pas trop étonnant : sans doute un tesson de bouteille qui traînait...

Cette famille préfère user les fers des chevaux sur la route moderne.

vendredi matin 17 mai

Nous avons dû stationner obligatoirement très loin de la "ville fantôme" qui s'anime au fil des heures. Nous allons de surprise en étonnement.

Les maisons s'ouvrent, l'ambiance s'installe pour plusieurs jours, dans les rues ensablées.
Les chatoyantes toilettes gitanes sont à l'honneur.
Le cocher nous invite à trinquer avec un verre de Manzanilla.

On est heureux de se retrouver au Rocío. Les jeunes sont là. La joie se lit sur tous les visages après ces longues journées harassantes du trajet. .
L'église du Rocío est pleine. On est debout. Les messes se succèdent devant la célébrissime "Virgen del Rocío". Recueillement, malgré la cohue qui bouscule derrière.
Dans des confessionnaux ouverts, les prêtres écoutent les pénitents qui demandent les sacrements..
Dans ses ors et ses lumières, la plus belle vierge d'Andalousie voit passer tout son peuple.
Elle n'a d'égale que "la Macarena" de Séville qui sort je jeudi de la Semaine Sainte.
Sur le parvis à l'extérieur une "hermandad" vient juste d'arriver : la nuit aura été courte - on a veillé tard puis dormi dans la nature... et le chemin bien long sous la chaleur très tôt assoiffante.
Dans cette carriole on n'a pas manqué d'ambiance avec le tambourin.
Dans celle-ci on ne s'est pas arrêté de rire et chanter en frappant des mains...
S'ajoutent les grelots des chevaux, et quelques hennissements.
Les hommes arborent leurs vestes et chapeaux typiques.
Chacun sa monture ou bien par couple, on parvient au Rocío l'avant-veille de la Pentecôte.
Voici par exemple la "hermandad" de la ville d'Almería qui vient de parvenir à son terme. On a ouvert la maison, et on s'organise. Le "simpecado" est là : c'est le char de la vierge qu'on a amené aux cris de "viva la paloma blanca".
Devant chaque maison on se met à chanter, battre des mains et danser, et les passants s'y joignent.

Quelle joie !
quel enthousiasme !
c'est la fête du Rocío.

Il va faire nuit sur El Rocío, mais voilà encore une hermandad qui arrive en long cortège depuis La Palma del Condado, à une trentaine de kilomètres.

après les chevaux, les très nombreux marcheurs au son du fifre et tambourin.
Enfin voici le "simpecado": le char de la vierge tiré par deux boeufs coiffés de bonnets rouges.
Derrière viennent de nombreuses carrioles où l'on dormira.
La procession s'étire à n'en plus finir. C'est toute la population d'une ville qui défile...

Le soleil jette ses derniers rayons, on chante toujours, on est heureux d'arriver.


dimanche de Pentecôte
19 mai 2002

le calme des marais contraste avec l'effervescence des préparatifs dans les rues

les chevaux profitent des derniers moments de liberté.
Devant l'église la foule se presse. Les télés, les photographes de presse sont là. On va voir défiler ici toute la journée les 98 confréries annoncées.
Les chevaux d'Almonte conduisent le premier cortège : celui d'Almonte. C'est cette "hermandad" qui est l'organisatrice de toute la fête.

Les bannières d'Almonte prennent place sur le parvis de l'église et y resteront pour accueillir toutes les autres communautés.
Almonte forme une haie d'honneur, chacun tenant comme insigne respectable le "palo" de la première "hermandad"

au milieu de la foule un "simpecado" est présenté sur le parvis au son du fifre.
Chaque "hermandad" rivalise dans le choix des boeufs et la décoration du "simpecado"
Levant son chapeau à chaque fois, le maire de la localité qui se présente, ou une autre personnalité, crie des "viva" repris par toute la foule.
Derrière lui le curé d'Almonte, debout toute la journée, fera l'accueil chaleureux à toutes les paroisses
Très attendus par la foule, voici que se présentent avec leurs roulottes où ils ont passé la nuit, les gitans de Séville : la "hermandad" de Triana.

Des boeufs de plus de 600Kg tirent les roulottes.

Sitôt fini la présentation devant le parvis, le vierge est replacée dans le petit sanctuaire de la hermandad : ici celui de Triana. On enlève les fleurs qui devront servir à nouveau le lendemain.

Telle est mainenant l'ambiance dans une des "maisons" ici celle de la ville de Jaen : entrez, le tonneau de Manzanilla est dans le coin, le jambon de la sierra vous est aussi proposé. Un cercle : on chante au son des guitares et on danse. Vous êtes le bienvenu.

tandis que s'avance une autre hermandad : cela va se prolonger tard cette nuit.
On a même attelé cinq chevaux pour cette carriole...
Un peu partout dans la ville, accompagnant les processions, les lanceurs de fusées ajoutent leurs pétards dans le tumulte.


On commence jeune à monter à cheval. On n'est pas peu fier d'emmener sa cavalière au Rocío !


Demain, lundi de Pentecôte, aura lieu un instant très attendu : on fera sauter la grille de la Vierge du Rocío. Puis la statue sera portée à travers toute la ville.

María, venue de Jaen, sera sûrement à la Romería du Rocío l'année prochaine et encore longtemps. ¡adios!

Ainsi le peuple andaloux tisse les liens très fort de son identité sur fond de religion et de tradition.

si vous souhaitez utliser l'une ou l'autre de ces photos faites-moi signe vous aurez une meilleure qualité...

 

si cela vous a plu, ou pour toute précision, envoyez-moi un mot, d'avance merci 

 

suite du voyage en Andalousie


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